Si la permaculture est une réponse aux problèmes de l’agriculture aujourd’hui, pourquoi ne l’applique-t-on pas dans nos champs ?


Si la permaculture est une réponse aux problèmes de l’agriculture aujourd’hui…

Pourquoi ne l’applique-t-on pas dans nos champs ?

En très résumé, la permaculture se base sur des principes éthiques et des principes de conception pour créer un environnement productif durable pour l’homme. Les principes de conception, encore très résumés, tendent vers une utilisation minimale de l’énergie. Les maîtres-mots sont donc éthique et énergie.

Dans nos pays développés, l’éthique n’est pas une valeur marchande importante et l’énergie est incroyablement bon marché. On comprend donc facilement pourquoi il y est difficile d’y développer la permaculture. Dans d’autres pays, en particulier les pays du Tiers Monde, la permaculture permet de gagner sa vie car l’énergie y est chère et/ou rare.

Notre société vit à crédit. Crédit bancaire, crédit des énergies fossiles : dans nos systèmes agroindustriels on compte en moyenne 10 calories investies au champ pour en récolter une, crédit de la fertilité du sol : chaque année nous perdons, selon les estimations, entre 20 et 40 millions d’hectares de sol fertile. De plus en plus de gens commencent à prendre conscience de l’ampleur du désastre et de la menace, mais pas assez encore pour construire un nouveau paradigme à cette société.

L’agriculture biologique est pour la plupart l’agriculture qui nous sauvera. C’est une erreur, l’agriculture biologique ne nous sauvera pas tant qu’elle ne se distinguera de l’agriculture industrielle que par l’utilisation ou non de certains produits. Elle est tout autant consommatrice d’énergie, peut-être même encore plus ! Il faut remettre en question beaucoup d’autres choses et poser des principes de base qui soient sensés, sains, globaux et surtout valables sur la durée.

Donc aujourd’hui on ne peut pas vivre de la permaculture et donc l’appliquer dans nos champs parce que le contexte actuel ne le permet pas. Les permaculteurs d’aujourd’hui sont des précurseurs, ils préparent la descente énergétique en étudiant, en expérimentant et en formant. Demain c’est d’eux que nous aurons besoin. Mais une transition pareille ne se fait pas du jour au lendemain ! On ne peut pas attendre l’état d’urgence pour s’y mettre, la nature impose son rythme, l’apprentissage est long, les mentalités changent sur une génération.

Pour ce qui est des initiatives qui ont déjà fait leurs preuves, on peut regarder en priorité du côté des villes en transition dont le mouvement a été initié par Rob Hopkins. La première mise en application a été initiée en 2006 dans la ville de Totnes au Royaume-Uni. En France, certains dirigeants politiques ont affiché une réelle volonté d’aller aussi dans ce sens. On pense par exemple à la ville d’Albi dont l’objectif est, à l’horizon 2020, de permettre à tous les habitants de se nourrir avec des aliments produits dans un rayon de 60 kilomètres autour de la ville. Pour cela, tout un programme d’agriculture urbaine, de mise en place jardins partagés et de circuits courts a été établi. Le mouvement des villes en transition est devenu international et compte aujourd’hui plus de 460 initiatives officielles.

Ces initiatives partent d’un élan commun utopique, et nous pouvons souhaiter que ça reste ainsi. Car on peut penser aussi au cas de Cuba, qui au contraire a dû mettre en place son autonomie alimentaire et énergétique rapidement, contraint et forcé du fait de l’effondrement de l’URSS et de l’ambargo des Etats-Unis. Ils ont dû cassé les parkings et planter des légumes à la place ! Avec le pic pétrolier qui s’annonce, ce scénario ne semblera peut-être pas être autant un cas particulier dans le futur …

Émilie

Humus Sapiens pays d’Oc, le réseau de permaculture de l’arrière pays de Montpellier

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